Interview de Jérôme de Bontin

Publié le par footballligue1

Jérôme de Bontin, né à Paris en 1957 est un homme d'affaires franco-américain, ancien président de l'AS Monaco.

Il fait ses études aux Etats-Unis où il est diplômé d'économie à Amherst College dans le Massachusetts. C'est à cette période qu'il fera la connaissance du Prince Albert de Monaco.

Dirigeant de Sustainability Investments LLC et de Mekar Financial Services, Jérôme de Bontin a également été président de Crédit Agricole Futurs et directeur de CA Global Futurs à Vienne.

Il siège au conseil de la fondation de la Fédération américaine de soccer et il est aussi administrateur de l'AS Monaco depuis 2002. En Avril 2008, il est nommé Président de l'AS Monaco FC après la démission de Michel Pastor. Une fois élu Président de l'AS Monaco, Jérôme de Bontin s'est consacré à plein temps à la gestion du Club de la Principauté. Jérôme de Bontin sera le premier Président non-monégasque de l'AS Monaco. Le 1er Avril 2009, il quitte ses fonctions de Président de l'AS Monaco  pour "raisons familiales", selon le communiqué officiel du club.

 

 

 

 

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- De quelle manière la crise économique a-t-elle touché le football français ?

 

Jérôme de Bontin : Je ne peux pas vous assurer que tous les présidents de club, anciens et présents, partagent mon analyse mais sachant que la grande majorité d'entre eux n'ont jamais investi leurs propres fonds dans le football et ont surtout pensé, à tort, qu'ils seraient jugés non pas en fonction des performances financières de leur club mais uniquement par rapport au classement de leur équipe, on ne peut attendre d'eux qu'ils "gouvernent" en faisant preuve de prévoyance ou de clairvoyance. Les clubs européens sont pour la plupart des entreprises déficitaires qui vivent d'un exercice à un autre. Cela se reflète dans la volatilité impressionnante des dirigeants et entraîneurs de la grande partie des clubs, petits et grands.

 

La crise économique n'a pas encore eu d'effets majeurs sur les milieux du football. Les milliardaires de notre monde continuent de s'investir dans le sport et les budgets des principaux clubs continuent d'augmenter. L'effet est plus notoire chez les clubs de second rang qui ne peuvent plus être compétitifs et qui se contentent donc de jouer dans la seconde partie du classement. Cela est vrai pour chacun des championnats européens. La crise touche la France un peu plus que ces voisins car les droits télévisés baissent régulièrement depuis quelques années. Le budget d'un club de L1 repose en moyenne à 80% sur ses revenus télévisés. Quand ceux-ci baissent de 25% et bien l'impact est notoire.

 

 

- Que doivent faire les clubs français pour atteindre les niveaux économiques des plus grands clubs européens ? Comment expliquez vous les écarts de recettes issues du sponsoring maillot entre la Ligue 1 et les autres grands championnats ?

 

 

Jérôme de Bontin : Les clubs français sont tous coupables de n'avoir jamais fait d'effort pour s'expatrier et se vendre à l'international. Ils n'ont donc qu'une reconnaissance médiatique faible dans les pays moteurs de l'économie mondiale. Les dirigeants de la FFF, de la L1 et des clubs de football sont très en retard par rapport aux efforts entrepris en Angleterre, en Espagne, en Italie et en Allemagne. La règle des 4 extra-communautaires pour les clubs de L1 et de 2 extra-communautaires pour les clubs de L2 est complètement dépassée et limite considérablement l'opportunité qu'ont les clubs de se vendre à l'étranger. Les clubs français ont besoin d'avoir davantage de joueurs nord-américains, japonais, Chinois, Iraniens et ainsi de suite. La règle des 4 extra-communautaires limite les clubs français à recruter en Afrique. Il y a de très bons joueurs en Afrique mais il n'y absolument pas de marché économique pour ces clubs.

 

Les maillots se vendront et les sponsors seront présents quand les clubs français ouvriront leurs yeux sur le fait que les grands investisseurs et les principaux sponsors cherchent aujourd'hui des marques mondiales, qui puissent s'exporter en Asie comme en Amérique du Nord.

 

La solution passe donc pour l'instant par des situations comme celles du PSG et Monaco car le marché français seul ne peut pas permettre aux clubs de développer les ressources nécessaires pour être compétitif.

 

Je crains que l'écart économique entre les clubs européens et les clubs français continuent de s'agrandir. Le modèle français doit être revu totalement. C'est tout de même symptomatique de reconnaître que les clubs qui ont vécu de la formation historiquement sont quasiment tous en L2 aujourd'hui (Nantes, Le Havre, Le Mans, Auxerre, Cannes). C'est bien la preuve que le modèle d'un club de football reposant sur la formation ne fonctionne plus aujourd'hui.

 

Il va falloir révolutionner l'organisation du football français pour espérer qu'il puisse s'améliorer. C'est bien français n'est ce pas, de faire la Révolution pour changer?

     

 

 

                                                                                                    Interview réalisée par Maxime Destampes 

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